Respublika: Les opritchnik du Super Khan, ou qui travaille pour Akorda ?
© mukhtarablyazov.org 08.09.2014

Cet article présente le bilan d’une enquête journalistique conduite pendant de nombreux mois par Respublika. Il décrit la structure d’organisation utilisée par Nazarbaïev et ses collaborateurs les plus proches – Karim Masimov et Timur Kulibayev – dans la lutte contre Moukhtar Ablyazov et ses collaborateurs hors du Kazakhstan. Nous sommes convaincus que, comme nous, les lecteurs seront impressionnés par l’envergure de cette organisation, qui nous paraît sans précédent dans toute l’histoire.

Depuis le moment où la banque BTA a été confisquée  par l’administration du président du Kazkahstan, et où le leader  politique d’opposition bien connu, Moukhtar Ablyazov, a été forcé de quitter le pays, il s’est déjà écoulé plus de cinq ans. Cependant, les autorités kazakhes s’étaient déjà préparées beaucoup plus tôt à saisir la banque et à éliminer le leader de l’opposition dès l’été 2008, lorsqu’a eu lieu une rencontre clé entre Ablyazov et l’homme de confiance de Noursoultan Nazarbaïev, Karim Masimov.

A ce moment-là, Masimov occupait le poste de premier ministre de la République du Kazakhstan. Il a exigé d’Ablyazov qu’il mette à la disposition de Nazarbaïev un paquet d’actions de contrôle de la banque BTA, mais celui-ci a refusé.

Juste après cette rencontre, durant l’été 2008, Nazarbaïev a ordonné au gouvernement et à la banque nationale de saisir la banque BTA et de priver Ablyazov de son contrôle. Bulat Utemburatov, que Nazarbaïev avait chargé de mener les pourparlers avec Ablyazov concernant la remise des actions aux personnes désignées par le président, a été évincé, et l’affaire a été confiée à Timur Kulibayev et Karim Masimov.

Le 2 février 2009, à côté des nouveaux directeurs généraux désignés par l’Etat, sont apparus dans les bureaux de la Banque BTA des fonctionnaires du Comité de Sécurité Nationale du Kazakhstan qui ont immédiatement procédé à la sauvegarde des documents et des supports électroniques d’information. Peu après, on a déclenché les arrestations des employés de la Banque BTA et des responsables des sociétés qui avaient contracté des crédits dans cette banque.

Le système de représailles contre Moukhtar Ablyazov s’est mis en place progressivement. Les fonctionnaires du Comité de Sécurité Nationale de la République du Kazakhstan, des procureurs spécialement désignés du Parquet Général de la RK, des employés de l’Agence pour la Lutte contre la Criminalité Economique et la Corruption (nommée Police Financière), ont été ainsi chargés de la poursuite pénale du dissident sur tout le territoire kazakh.  

Dans les conditions du système politique autoritaire, Noursoultan Nazarbaïev contrôle totalement tous les niveaux du pouvoir: exécutif, législatif et judiciaire. Cela lui permet de décider unilatéralement du sort de tout citoyen que les autorités kazakhes peuvent intercepter. Cependant, au-delà de comptes réglés officiellement, c’est-à-dire par le recours aux forces de l’ordre et aux procédures judiciaires, on utilise au Kazakhstan la pratique qui consiste à régler des comptes à ses adversaires politiques en recrutant des tueurs à gages.

Tout citoyen kazakh qui a réussi à éviter les mesures de rétorsion de la part de Nazarbaïev, qui occupe depuis 25 ans le poste de  Chef de l’Etat, et d’autant plus un homme politique et un homme d’affaires bien connu tel que Moukhtar Ablyazov, qui est toujours en liberté et continue sa lutte pour la démocratisation de la république – contribue à réduire la crainte vis à vis du dictateur et affaiblit de ce fait son régime.

L’objectif de ce document est de décrire la structure d’organisation que Nazarbaïev et ses collaborateurs les plus proches, Karim Masimov et Timur Kulibayev, utilisent dans leur lutte contre Moukhtar Ablyazov en dehors du Kazakhstan.

A présent, Ablyazov et ses collaborateurs sont persécutés dans le cadre de procédures pénales et civiles qui se déroulent dans quelques dizaines de pays à travers le monde, mais les pays clés sont la Russie et la Grande Bretagne. Une part importante des actifs d’Ablyazov sont placés en Russie, et en Grande Bretagne la Banque BTA a porté en justice des affaires contre Ablyazov et plusieurs de ses collaborateurs.

« Ils se sont battus pour la Patrie »

En Russie on a commencé à poursuivre pénalement Moukhtar Ablyazov suite à une demande personnelle présentée par Noursoultan Nazarbaïev au premier ministre de l’époque, Vladimir Poutine.  Un protocole approprié avec une clause « confidentiel » ordonnant d’apporter un soutien aux forces de l’ordre kazakhes, a été établi en été 2009.

A présent, toutes les actions dans ce domaine sont coordonnées par le mandataire du président de la Fédération de Russie, Shkolov, un homme de confiance qui le connaît déjà depuis l’époque de leur activité dans le service du renseignement étranger en République Démocratique Allemande. C’était le Comité d’Instruction Pénale qui était chargé du dossier de la Banque BTA, à présent repris par le département du Ministère de l’Intérieur de la Fédération de Russie. Depuis l’ouverture de l’affaire pénale, les principales actions ont été menées par trois enquêteurs. Deux d’entre eux ont été saisis par les agents du Service de Sécurité Russe pour avoir entretenu des contacts informels avec les représentants de la Banque BTA, et notamment pour avoir reçu une rémunération illégale, suite à quoi ils ont été remerciés de leurs fonctions.

Le troisième enquêteur, Nikolay Budilo, est connu du fait qu’il a participé à la poursuite du juriste russe Magnitski, décédé en détention. La mort de ce dernier a eu un large écho en Europe et aux Etats-Unis. La conséquence fut l’adoption aux Etats-Unis d’un article de loi spécial, nommé Magnitski, qui est devenu dans les faits le premier cas de sanctions imposées par l’Occident contre les fonctionnaires russes qui enfreignent la loi.

Les autorités kazakhes ont contacté Budilo par l’intermédiaire des deux personnes de confiance – un diplomate kazakh accrédité auprès de l’Ambassade à Moscou et ancien premier vice Procureur Général de la RK, Anatoliy Konstantinov, et Shaken Amzeyev qui était – d’après des informations sûres – un collaborateur des services spéciaux kazakhs.

Avec Amzeyev, les représentants de la Banque BTA et le Fonds Souverain Samruk-Kazyna (structure de l’Etat qui de février 2009 à juillet 2014 a détenu un paquet d’actions de contrôle de la Banque BTA) ont collaboré et continuent leur collaboration avec plus de dix structures juridiques russes. La plus active et influente d’entre elles était la société Quorum Debt Management (Quorum), avec à sa tête Andrey Pavlov, connu comme directeur d’un groupe dont les membres ont participé à l’affaire Magnitski. Pavlov a été engagé dans l’affaire par un certain Dmitriy Klyuyev qui a entamé en Russie une poursuite en procédure pénale contre Ablyazov. Klyuyev intervient également dans l’affaire concernant le meurtre de Magnitski.

Outre la société de Pavlov, des actions énergiques ont été menées en Russie contre Moukhtar Ablyazov et ses collaborateurs par deux cabinets juridiques, soupçonnés d’avoir participé à des extorsions de fonds, à savoir : Lider et Atlant XXI.

La même année, dans des circonstances énigmatiques, la Banque BTA a été « revendue » par le fonds public Samruk-Kazyna  à la deuxième banque pour ce qui est de la taille, la Kazkommercbank, et à Kenes Rakichev – l’un des partenaires les plus proches du gendre du président, Timur Kulibayev.

Compte tenu du fait que Rakishev intervient en tant que « représentant de première ligne » de Kulibayev dans la plupart des projets d’affaires, Kulibayev peut certainement être nommé l’un des propriétaires clés de la Banque BTA, illégalement nationalisée.

L’ancien propriétaire de la banque KKB (Kazkommercbank), Nurzhan Subkhanberdin, a progressivement perdu le contrôle de sa banque, et de ce fait la KKB exécute les instructions de Karim Masimov concernant la BTA, en suivant « directives du parti » pour ce qui est des représailles contre Ablyazov.

Dans la BTA, Rakishev exerce personnellement le contrôle sur les procès qui se déroulent contre Moukhtar Ablyazov, en informant personnellement Maksim de tout ce qui se passe.

Maksimov a désigné deux figures clés pour l’exécution directe des missions liées à la poursuite de Moukhtar Ablyazov et la surveillance des actions de Rakishev, avec qui celui-ci doit collaborer. Dans le prétendu Conseil de la Banque, il a introduit Murat Yeshenkulov. Avant sa nomination à ce poste dans la BTA, le lieutenant-colonel Yeshenkulov a été le directeur du département financier de la police pour le district de Pavlodar. En tant que deuxième personne clé, en étroit contact avec Yeshenkulov, Maksimov a désigné le commandant de la police financière, Olzhas Yertysbayev.

Actuellement, Olzhas Yertysbayev dirige une affaire pénale contre Ablyazov et ses collaborateurs en Russie. Le plan d’actions en Russie est suivant. Akorda formule des instructions stratégiques, et ses délégués communiquent leur contenu à la société Quorum. Le déroulement de l’opération est surveillé par Andrey Pavlov de Quorum qui coordonne toutes les actions avec les forces de l’ordre russes, en étant en contact permanent avec Budilo pour qui Pavlov a préparé les documents les plus importants concernant l’affaire. En dehors des actions communes avec les membres des forces de l’ordre russes et kazakhes, Pavlov maintient des contacts avec les avocats du cabinet juridique international Hogan Lovells.

La vérité est que ces temps derniers, Murat Yeshenkulov a commencé à écarter les juristes des cabinets  Quorum, Lider i Atlanta XXI, en les remplaçant par « les siens », qui proviennent  du cabinet Oskirko et Partenaires. Il a même commencé à retirer de tous les procès Andrey Pavlov qui représentait un maillon clé entre les commanditaires kazakhs et l’exécuteur russe, c’est-à-dire le groupe d’enquêteurs dirigé par Budilo. Cette manœuvre est très importante pour la nouvelle direction de la banque BTA du fait que l’on pourra imputer tous les échecs en Russie à l’ancienne direction de la banque et aux juristes qui ont été engagés.

L’engagement de nouveaux avocats permettra également de prendre le contrôle des budgets gigantesques qui sont affectés à la lutte contre Ablyazov. A ce jour, en réalité, il n’y a que le cabinet Oskirko et Partenaires qui possède un mandat complet pour conduire des actions au nom de la Banque BTA.

« L’étranger va nous aider »

Le cabinet juridique international Hogan Lovells est le principal exécutant des instructions de la Banque BTA en Grande Bretagne. Les autorités kazakhes l’utilisent comme centre de gestion du réseau des sociétés juridiques internationales représentant les intérêts d’Akorda en Occident. C’est précisément ce cabinet qui conduit les affaires intentées contre Ablyazov.

Officiellement, cette société représente la Banque BTA. En réalité, la BTA n’est qu’une façade, un instrument commode pour les actions menées par Akorda dans le domaine juridique en Angleterre. La BTA, intervenant dans le rôle de la victime des soi-disant machinations de Moukhtar Ablyazov, crée une ambiance de légalité autour de la poursuite pénale de celui-ci par Nazarbaïev.

A présent, les avocats du cabinet Hogan Lovells mènent des actions énergiques, visant à convaincre les forces de l’ordre anglaises d’ouvrir une affaire pénale contre Moukhtar Ablyazov. L’ampleur des moyens financiers que Hogan Lovells affecte aux actions à l’encontre d’Ablyazov dépasse l’imagination de nombreux juristes. Pendant quatre ans, le Kazakhstan a dépensé, uniquement pour le compte de cette société, plus de 100 millions de livres sterling.

En outre, deux autres cabinets juridiques engagés par Akorda prennent part à la bataille contre Moukhtar Ablyazov. Il s’agit de Reed Smith et Ronald Fletcher Baker. Ceux-ci s’efforcent d’obtenir des autorités britanniques l’annulation de leur décision accordant à Ablyazov le statut de réfugié politique. De plus, Reed Smith agit activement pour discréditer le leader de l’opposition en Occident, en coordonnant l’ensemble des procès d’extradition. Par le recours aux juristes des cabinets Hogan Lovells et Reed Smith, Akorda tente d’influencer les forces de l’ordre britanniques afin qu’elles déclenchent une affaire pénale contre Moukhtar Ablyazov.

Le cabinet Reed Smith a déjà fourni une assistance juridique à Akorda lorsqu’en novembre de l’année dernière ses juristes ont réussi à obtenir le refus du Centre International des Litiges d’Investissement (Tribunal d’Arbitrage de la Banque Mondiale) concernant l’examen des assignations déposées par l’une des sociétés d’Ablyazov contre les autorités kazakhes. Par la suite le cabinet a ouvert son bureau à Astana, en faisant part des belles perspectives qu’il prévoit pour son activité dans le secteur des matières premières de ce pays.

Les avocats du cabinet Reed Smith ont des raisons de se réjouir – par exemple, en 2013, le Kazakhstan leur a payé 12,5 millions de dollars. Cette année, en prenant en compte les procédures d’extradition en France, les perspectives de Reed Smith sont beaucoup plus optimistes.

Tony Blair a contribué aux actions du cabinet Hogan Lovells et au succès de la Banque BTA obtenu pendant la période où les assignations civiles déposées devant le tribunal britannique étaient examinées. Depuis l’automne 2011, il remplit les fonctions de conseiller principal de Nazarbaïev pour la politique étrangère. Avec Blair travaille toute l’équipe de l’ancien premier ministre britannique pour Akorda.

C’est l’agence de relations publiques Portland Communication qui est responsable de la réputation du Kazakhstan en Occident. Elle conduit en même temps des actions de lobbying, créées par le conseiller de longue date de Tony Blair pour les questions de relations publiques, Tim Allen. Par ailleurs, il convient de noter que l’agence Portland n’a pas conclu son contrat avec le gouvernement, mais avec la Banque BTA, qui s’est ainsi distanciée d’Akorda.  Parmi les collaborateurs de Portland agissant sur le front kazakh se trouve Alistair Campbell, l’homme qui a conduit Tony Blair à devenir le leader du Parti des Travailleurs, et ensuite le dirigeant du pays.

Il semble que Tony Blair coopère avec succès avec Nazarbaïev et son entourage du fait que l’ancien premier ministre sait comment faire des affaires « à la façon kazakhe » Par exemple, un contrat avec le Ministère de la Justice Kazakh pour la représentation des intérêts de ce pays a été conclu avec la société Omnia Strategy, avec à sa tête Cherie Blair – l’épouse de Tony Blair. De plus, la première décision influente concernant l’affaire Moukhtar Ablyzov a été prise par le juge britannique William Blair – le frère aîné de Tony Blair.

Après l’arrestation de Moukhtar Ablyazov en France, les autorités kazakhes ont intensifié leurs actions dans ce pays. En France, pour ce qui est de l’affaire Moukhtar Ablyazov, l’avocat français Antonin Lévy joue un rôle important. Son père Bernard Henri Lévy est un philosophe français populaire et un défenseur des droits de l’homme, qui déclare activement sa volonté de lutter contre la tyrannie dans le monde entier.

Avant l’ouverture du procès d’Ablyazov, Lévy Junior a travaillé dans la petite société française Metzner Associés, mais pendant à peine quatre mois après l’arrestation d’Ablyazov en France, Antonin âgé de trente ans est devenu l’un des plus jeunes partenaires du cabinet Hogan Lovells (pour devenir un associé de la société Hogan Lovells il faut avoir l’expérience du travail de dix ans en moyenne).

Antonin Lévy – un jeune juriste ambitieux, avec une position irréprochable dans la société et avec des contacts au sein des élites dont disposent peu de personnes en Europe - est l’une des conquêtes précieuses de Hogan Lovells et bien évidemment, de son véritable client – le régime de Nazarbaïev en lutte contre l’opposition.

Surprises ukrainiennes

La Russie, l’Ukraine et le Kazakhstan ont émis des demandes d’extradition d’Ablyazov, mais les chances de ce dernier pour un examen favorable de sa demande sont minimes du fait de l’absence d’accords d’extradition. Par conséquent, les autorités kazakhes tentent d’agir par l’intermédiaire de leurs partenaires russes et ukrainiens. Lors du premier procès, le tribunal a rendu le verdict de remettre  Ablyzov aux deux pays – la Russie et l’Ukraine – en réservant la priorité à la Russie.

Cependant, face au déclenchement de la crise et à l’enveniment des relations entre la Russie, les Etats-Unis et les pays européens (l’Union Européenne), les autorités kazakhes ont opté pour l’Ukraine. Auparavant, Noursoultan Nazarbaïev avait personnellement demandé au précédent président ukrainien, Viktor Yanukovych, de soutenir la poursuite d’Ablyazov, et celui-ci avait  accepté.

La structure clé en Ukraine qui représente les intérêts des autorités kazakhes est le cabinet juridique Ilyashev et Partenaires, qui en Ukraine exerce la même fonction que Quorum en Russie.

De son côté, Ilyashev a engagé Winston & Strawn pour représenter l’Ukraine dans le cadre de la procédure d’extradition. C’est une société juridique connue, fondée en 1853 à Chicago.

Le cabinet a été engagé par un simple enquêteur ukrainien, Nikolay Melnik, à qui les dirigeants avaient ordonné  d’« examiner » l’affaire de la Banque BTA. C’est bien lui qui, dépassant ses attributions, a donné l’accès au dossier d’une affaire pénale à une société étrangère et lui a donné l’autorisation « de participer à la procédure d’Ablyazov en France et d’exécuter toutes les actions nécessaires pour conduire à l’extradition vers l’Ukraine de celui-ci », enfreignant de ce fait la loi ukrainienne.

Le budget de l’Etat ukrainien n’avait pas prévu les dépenses pour les honoraires des avocats occidentaux prenant part au procès d’extradition. De ce fait, la Banque BTA a aimablement proposé de payer l’assistance juridique fournie par Winston & Strawn par l’intermédiaire du cabinet Ilyashev et Partenaires. Bien entendu, la prestation de tels services est contraire à la législation anti-corruption ukrainienne, mais qui s’en préoccupe ?

En août 2014, les forces de l’ordre ukrainiennes ont déclenché une affaire pénale concernant l’autorisation émise par l’enquêteur Melnik d’accorder à la société Winston & Strawn le droit de participer à la procédure d’extradition.

« Je m’appelle Wahid, Ron Wahid »

Akorda a mis en place un nouveau front de la lutte contre Abyazov grâce à des agences de détectives qui assurent aux cabinets juridiques un prétendu soutien opérationnel. De telles agences fonctionnent partout dans le monde.

En pratique cela signifie que les détectives surveillent les proches et les collaborateurs d’Ablyazov, préparent des provocations, s’introduisent par effraction dans leurs courriels électroniques et leurs téléphones, envoient des virus et organisent des enlèvements. Ils proposent également d’ « s’arranger » pour accélérer la poursuite pénale, dans le cas où les forces de l’ordre ne se hâtent pas de déclencher celle-ci lorsqu’il n’y a pas de motifs du fait d’une juridiction défaillante, lorsqu’il n’y a pas de victimes ou généralement si on constate l’absence d’éléments essentiels du délit. Compte tenu du fait que presque tous les employés de ces agences étaient d’anciens agents des forces de l’ordre ou des services spéciaux, ils savent comment s’y prendre et d’habitude ils garantissent un résultat positif.

Initialement, dans ce domaine, la corporation Diligence créée par les employés de la CIA et de l’agence britannique MI-5 a agit de concert avec Akorda. La société Diligence a été engagée par Hogan Lovells, qui avait noué avec elle des contacts étroits lors de la guerre qu’avait déclenchée le « Groupe Alfa » contre le fonds IPOC, pour le contrôle de l’opérateur de téléphonie mobile russe Megafon.

A présent, Akorda a confié toutes les actions opérationnelles en Occident à une nouvelle agence de détectives – Arcanum. Son siège social se trouve à Zurich, mais elle fait partie du groupe américain d’investissement RJI Capital Group, connu pour sa stratégie agressive sur les marchés émergents.

Le fondateur du RJI Capital Group est Ron Wahid –  citoyen américain, né au Bangladesh. Ron Wahid, un amateur de femmes, de tailleurs personnels et d’avions privés – choisit scrupuleusement ses clients et n’accepte que les projets très bien payés. En contrepartie il offre la qualité – Wahid et son équipe peuvent exécuter en pratique  n’importe quelle commande. Si eux-mêmes ne veulent pas se salir les mains, ils trouveront toujours les gens dont ils ont besoin.

D’une certaine façon, la société civile kazakhe devrait être reconnaissante à Wahid. Selon nos informateurs, en 2008 c’est précisément sa société qui a obtenu l’accès au serveur appartenant aux sociétés d’Aleksandre Mirchev et à son courrier électronique privé. A cette époque, sa société a travaillé à la mission pour l’un des opposants personnels de Karim Masimov.

Parmi les documents rassemblés, les employés d’Arcanum ont retrouvé les courriels de Mirchev et de son équipe, échangés avec les fonctionnaires de l’Etat d’Astana, concernant le projet « Super Khan ». Le client de Wahid n’était pas intéressé par cette correspondance. Il avait besoin d’informations concernant d’autres aspects de l’activité de Mirchev. A ce moment-là, Wahid, en se vantant d’avoir des informations confidentielles et faisant la publicité de ses services et de ses possibilités, a commencé à présenter le contenu des projets « Super Tigre », « Khan » et « Super Khan » à tous ceux qui montraient le moindre intérêt pour le Kazakhstan.

C’est de cette façon que les informations concernant le projet « Super Khan » ont été rendues accessibles aux médias d’opposition du Kazakhstan et sont devenues notoires au sein de la société comme l’un des projets paranoïaque du « leader du peuple » et de l’usurpateur du pouvoir dans le pays. 

Dagan, qui pendant huit ans était à la tête du Mossad, et l’ancien conseiller pour la sécurité nationale du vice-président des Etats-Unis Dick Cheney, John Hannah, est responsable de la stratégie vis-à-vis les Etats-Unis.

A propos, selon nos informations c’est Arcanum qui, parallèlement à une autre agence de détectives, a élaboré un plan d’enlèvement d’Alma Shalabayeva et sa fille à Rome. C’est précisément cette société qui fournit actuellement des données opérationnelles à tous les avocats d’Akorda, agissants sur plusieurs fronts de la lutte contre Moukhtar Ablyazov.

Il est intéressant que le régime de Nazarbaïev finance Arcanum par l’entremise de juristes occidentaux. Ce sont eux qui en tant qu’agents du Kazakhstan, reçoivent les factures d’Arcanum et en effectuent le paiement. Ainsi, la liaison entre le gouvernement kazakh et ses espions réellement « recrutés » est interrompue. Des structures telles qu’Arcanum peuvent effectuer une mission quelconque au profit du Kazakhstan, sans aucun risque pour le client dans le cas où ils seraient pris en flagrant délit, contrairement aux agents des services du renseignement Sarbar.

En guise d’épilogue

Les informations présentées dans cet article ne sont juste qu’une petite partie des actions du régime de Nazarbaïev pour détruire Moukhtar Ablyazov. « L’élimination de Moukhtar » est presque devenue la mission nationale d’Akorda. Les personnes qui travaillent pour le palais présidentiel ne veulent pas réfléchir sur les causes de cet état de fait. Par exemple, que la base du conflit entre Ablyazov et Nazarbaïev est l’idéologie : Ablyazov croit à la concurrence économique et politique, par contre Nazarbaïev – non. Moukhtar Ablyazov est l’incarnation de tout ce que le président vieillissant a toujours craint – un excellent manager et homme d’affaires, qui d’aucune façon n’est lié au régime de Nazarbaïev, un patriote et partisan des valeurs démocratiques, risquant de sa vie pendant de nombreuses années, intervenant en tant qu’idéologue secret de l’opposition et de fait l’unique sponsor de celle-ci.  C’est pourquoi il faut détruire Ablyazov. A tout prix.

DE LA PART DE LA REDACTION.  Cet article est le premier d’un cycle d’enquêtes journalistiques. Dans nos prochaines publications, nous allons continuer à raconter l’histoire de plusieurs personnes citées ici, qui accomplissent des missions pour le compte d’Astana.

source: respublika-kz.info