Le Kazakhstan se lance à la poursuite des insoumis
Noursoultan Nazarbayev a lancé une chasse aux personnes liées à Moukhtar Abliazov. Rome a déjà déporté la femme d'Abliazov, et Madrid doit maintenant prendre une décision quant à l'extradition de son garde du corps personnel, Alexander Pavlov.
Abliazov, dont le lieu de séjour est actuellement inconnu, est tombé dans les mauvaises grâces du président du Kazakhstan, Noursoultan Nazarbayev. Ce conflit personnel résulte du refus d'Abliazov de se contenter d'une démocratie de façade au Kazakhstan. Abliazov est recherché pour avoir prétendument détourné de l'argent de la banque dont il était président durant les années 2005–2009, ainsi que pour participation dans un groupe de criminalité organisée.
Abliazov nie toutes les accusations contre lui, et selon les organisations de défense des droits de l'homme, les poursuites contre Abliazov sont politiquement motivées.
Mais les autorités kazakhes ne se contentent pas de rechercher Abliazov. Tous ses proches collaborateurs sont recherchés à travers l'Europe. Alexander Pavlov, l'ancien chef de sécurité d'Abliazov et du journal Respublika, a été arrêté en Espagne. Le Kazakhstan l'accuse d'avoir participé à la préparation d'attentats terroristes à Almaty.
La demande d'asile de Pavlov a été rejetée et la cour a accepté de l'extrader en première instance. «J'ai témoigné pour la défense de Pavlov. J'ai raconté que les confessions forcées et les tortures psychologiques contre les détenus sont monnaie courante au Kazakhstan. Ça n'a rien donné» – raconte Jędrzej Czerep de l'Open Dialogue Foundation.
Amnesty International a appelé à protéger Pavlov: «Il ne faut pas extrader Pavlov vers le Kazakhstan où il risque la torture et un procès inique».
Les juges n'ont pas pris en compte les arguments de la défense ni le contexte politique du cas. «Selon nos informations, il n'existe pas vraiment de terrorisme politiquement motivé, dont est accusé Pavlov, au Kazakhstan. Par contre les accusations de préparation d'attentats ont été utilisées dans les procès contre l'opposition» – explique Czerep.
La cour espagnole doit statuer sur un appel quant à la décision d'extradition dans les prochains mois.
Jędrzej Czerep, analyste à l'Open Dialogue Foundation, affirme que Pavlov est en quelque sorte otage dans l'affaire Abliazov. «Ils ont besoin de Pavlov en tant qu'informateur sur Abliazov».
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