L’Europe au service de Nazarbayev Le lobby politique du président du Kazakhstan

Étant donné sa position géopolitique stratégique et son potentiel en matière de ressources naturelles, notamment les réserves énormes de pétrole, de gaz naturel et d’uranium, le Kazakhstan - malgré les problèmes croissants avec le respect des droits de l'Homme - reste un partenaire important pour les pays européens.

Le Kazakhstan est un pays très actif au niveau international et très soucieux de son image d’une oasis de démocratie et de stabilité et d’un leader des réformes en Asie Centrale. L’importance que le Kazakhstan accorde à la création de son image est prouvée par le fait d’engager une élite des anciens politiciens européens comme conseillers des autorités au pouvoir. L’efficacité de telles démarches est prouvée par l’obtention de la présidence de l’OSCE en 2010, du droit à organiser l’Expo en 2017 à Astana, ou bien l’accès au Conseil des droits de l'homme des Nations unies vers la fin de 2012. Ces « succès » résultent moins de la reconnaissance du progrès sur la voie de la démocratisation du Kazakhstan, que des démarches politiques du gouvernement.
Le président est soutenu par un Groupe consultatif international, composé d’éminents hommes politiques européens. Le lobby qu’ils ont monté tente de promouvoir Nazarbayev et soutient ses efforts de camoufler la démocratie de façade qui règne au Kazakhstan. Le gouvernement du Kazakhstan s'est procuré les services des agences européennes de relations publiques, telles que Portland PR ou Tony Blair Associates.

Le lobby européen de Nursultan Nazarbayev

Le conseiller spécial de Nazarbayev

Tony Blair - Pour son travail qui consiste à persuader l’opinion publique que le Kazakhstan est une oasis de démocratie, de stabilité et de progrès en Asie Centrale, il touche 16 millions de livres par an. Blair s’efforce à faire décerner un prix Nobel de la paix à Nazarbayev. Son frère, William Blair, était un juge pendant le procès engagé en Grande-Bretagne par les autorités kazakhes contre l’opposant Moukhtar Abliazov.

Portland Communications, une agence de relations publiques, fondée par le porte-parole de Tony Blair travaille aussi pour le gouvernement kazakh. Elle réalise les missions confiées par les autorités kazakhes et des actions de communication contre la famille d’Abliazov et contre des milieux opposants à Nazarbayev en Europe.

Les politiciens qui soutiennent Nazarbayev

Gerhard Schröder – ancien chancelier allemand. Il a soutenu activement les efforts du Kazakhstan d’assurer la présidence de l’OSCE. Il fait de lobbying et favorise les contacts commerciaux des entreprises allemandes au Kazakhstan.

Silvio Berlusconi – ancien premier ministre italien. Il a accueilli Nazarbayev dans sa villa privée en Sardaigne, peu de temps avant la déportation controversée de la femme et de la fille d’Abliazov de l’Italie vers le Kazakhstan.

Le Prince Andrew -membre de la famille royale britannique, ancien Représentant Spécial du Royaume-Uni pour le Commerce International. Ami de Timur Kulibayev, gendre de Nazarbayev. Il a été convoqué à Palace Buckingham pour donner des explications après avoir vendu à Kulibayev un domaine ancestral pour un prix supérieur de 3 millions de livres par rapport à sa valeur de marché.

Le Groupe consultatif international

Alfred Gusenbauer – ancien Chancelier d'Autriche, président du Groupe consultatif international. Accusé d'espionnage en faveur du Kazakhstan, risque trois ans de prison.

Aleksander Kwaśniewski - ancien président polonais. Il glorifie le régime de Nazarbayev dans la presse européenne, en déclarant contribuer à la démocratisation du Kazakhstan.

Marcelino Oreja Y Aguirre – ancien ministre des Affaires Etrangères espagnol. Il s’engage à établir des relations commerciales et soutient la conclusion de contrats commerciaux entre l’Espagne et le régime de Nazarbayev. En 2013 l’Espagne a signé avec le Kazakhstan un contrat de livraison des trains Talgo, d’un montant de 482 millions d’euros. L’Espagne est le seul pays de l’UE qui a signé le traité d'extradition avec le Kazakhstan.

Romano Prodi -ancien premier ministre italien et Président de la Commission Européenne. Il s’engage à établir des relations commerciales dans le secteur énergétique. Ses efforts ont contribué à la coopération de la société nationale italienne des hydrocarbures (ENI) avec le gouvernement kazakh en matière d'extraction de pétrole du gisement de Kashagan.

Mirek Topolanek – ancien premier ministre tchèque. Pendant son mandat, il a soutenu activement la présidence kazakhe de l’OSCE et les efforts en vue de son accession à l'OMC. Après la chute du gouvernement, il s’est tourné vers les affaires, en devenant conseiller dans le domaine des investissements dans le secteur énergétique dans la région de la mer Caspienne. Actuellement, Topolanek est membre du conseil consultatif du Fonds national du bien-être public Samrouk-Kazyna. Le SamrukKazyna - holding qui gère des actifs appartenant à l'État, détient la majorité de l’industrie nationale. Son président est le gendre de Nazarbayev – Timur Kulibayev.

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