Un opposant kazakh en liberté
Le mardi 29 juillet la cour espagnole a autorisé le collaborateur de l’opposition kazakhe Alexandr Pavlov à quitter la prison sous caution. Pour Pavlov c’est un premier changement réel dans sa situation. À partir du 1er juin 2013 il a été incarcéré dans un centre de détention de haute sécurité, d’où il observait les batailles juridiques pour son extradition et pour l’octroi de son asile en Espagne. À partir de maintenant il va comparaître devant le tribunal sans être détenu.
L’information qui nous a été transmise par l’avocate de Pavlov, Maria Costa, témoigne d’un tournant dans l’attitude des autorités administratives et juridiques dans sa procédure. Les juges qui ont signé la décision de libération sous caution ont déclaré que le risque de fuite de Pavlov est « minimal, voir nul ». Une semaine plus tôt, dans l’arrêt d’Audiencia Nacional, les juges ont ordonné la reprise de la procédure d’asile de Pavlov devant l’Office de l'Asile et des Réfugiés (OAR), et ont déclaré que les informations portant sur la « menace » qu’aurait constitué Pavlov pour l’ordre public étaient dès le début peu fiables. C’est justement cette opinion controverse, émise par le service de renseignement espagnol CNI, publiée dans un rapport contesté à plusieurs reprises, qui a servi au tribunal et puis au Conseil des Ministres d’accepter la demande d’extradition de Pavlov déposée par le Kazakhstan. La libération conditionnelle de Pavlov éveille l’espoir sur la modification de la perception de son affaire - jusqu’à présent les autorités espagnoles n’admettaient pas son caractère politique.
Pavlov va quitter la prison dès que le tribunal percevra la caution d’un montant de 30.000 euros. Il sera obligé de se rendre chaque semaine au commissariat le plus proche de son domicile. En plus il ne peut pas quitter l’Espagne - son passeport est confisqué pour la durée de son procès.
Lyudmyla Kozlovska, Présidente du conseil d'administration de la Fondation « Dialogue Ouvert » qui depuis plus d’un an demande la libération de Pavlov, a dit : « Alexandr Pavlov a été arrêté en Espagne le 1er juin 2013 à la demande du gouvernement kazakh. Il demande son extradition à la base d’accusations criminelles fabriquées de toutes pièces. En réalité, Pavlov est poursuivi à cause de ses relations étroites avec Moukhtar Ablyazov, qui est l’ennemi politique numéro 1 du président Noursultan Nazarbayev. Les autorités dépendant du dictateur cherchent à obtenir de la part de Pavlov, qui était son garde de corps, des dépositions accablant Ablyazov. Dans ce but, elles ne vont pas hésiter à utiliser les moyens de pression les plus sérieux, aussi bien légaux qu’illégaux, y compris la torture. Craignant pour sa vie après son extradition éventuelle vers le Kazakhstan, Pavlov a déposé une demande d’asile en Espagne ».
Kozlovska a ajouté : « La Fondation Dialogue Ouvert remercie les personnes et institutions qui ont particulièrement contribué à la libération d’Alexandr Pavlov : Isabel Santos - Présidente de la Commission générale de la démocratie, des droits de l'homme et des questions humanitaires del’OSCE, les députés espagnols : Irene Lozano et José Ignacio Sánchez, les journalistes José María Irujo (El País) et Rafaeli Panadero (CadenaSER), la section espagnole d’Amnesty International, de nombreux députés européens et députés polonais, italiens et espagnols qui ont demandé la justice pour le citoyen kazakh victime d’accusation ».
Même si la libération de Pavlov donne l’espoir sur la conclusion positive de sa procédure d’asile, son renvoi préalable à l’institution qui dépend du Ministère de l’Intérieur Espagnol soulève des inquiétudes quant à la possibilité de nouvelles pressions politiques. Le groupe de lobbyistes en faveur de l’extradition de Pavlov s’est agrandi depuis la signature des contrats économiques entre l’Espagne et le Kazakhstan au cours de la visite du premier ministre Mariano Roja à Astana à la fin du mois de septembre et au début du mois de novembre 2013. Le 19 février 2014 le gouvernement espagnol a essayé d’effectuer en cachette une extradition illégale, pour éviter son blocage par la Cour européenne des droits de l’Homme.
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