Kazakhstan
A une conférence de presse le 10 mars, le procureur général du Kazakhstan a fait une déclaration au sujet des accusations contre Abliazov. Les accusations ont été formulées par la nouvelle direction de la BTA. Les anciens directeurs de la banque ont été accusés de s'être approprié des fonds en attribuant des prêts préférentiels à des entreprises fictives sur la base des mêmes actifs (selon l'article 176 par. 3 du Code pénal de la République du Kazakhstan «Détournement ou détournement de biens d'autrui».
L'adjoint du Procureur Général, Rakhimbek Mamyrbayev, a déclaré que les personnes et institutions restant en relation d'affaires avec Abliazov seront ajoutées à l'enquête. Les 19 et 20 mars, la police a arrêté à Astana et Almaty à peu près 20 personnes liées de près à Abliazov.
Le 24 mars, lors d'une conférence de presse à Almaty, le procureur a annoncé des nouvelles charges. Moukhtar Abliazov ainsi que d'autres directeurs de la banque ont été accusés d'avoir créé un groupe de criminalité organisée (art. 235, par. 4 du Code pénal kazakh) et d'avoir blanchi des fonds acquis illégalement (art. 193 par. 3 du Code pénal kazakh). Sur la liste des personnes accusées, se sont entre autres trouvées: Zhaksylyk Zharimbetov (président de la commission de crédit), Veronika Efimova (directrice du département des clients d'entreprise), Bulat Karimov (directeur d'un groupe d'entreprises affiliés), Roman Solodchenko (président du conseil). Trente-deux personnes ont été accusées de responsabilité criminelle.
En août, l'affaire a été transférée au procureur municipal à Almaty. Le 7 août, durant une conférence de presse, le Procureur municipal d'Almaty, Amirkhan Estayev a déclaré que le groupe de criminalité organisée avait escroqué plus 83 milliards de tenge (environ 553 millions de dollars). C'est sur cette base qu'on a annoncé la confiscation des biens d'Abliazov et qu'on a annoncé la valeur estimée de ceux-ci. Selon le procureur, les autorités ont confisqué 136 terrains, 924 appartements, 12 maisons, 3 avions et plus de 80 voitures appartenant à Abliazov.
Le 25 décembre s'est terminé le procès en justice des douze principaux directeurs de la BTA, Temirbank et sociétés affiliées. Les accusés ont reçu des peines plus élevées que celles demandées par le procureur (les peines allaient de 2 à 8 ans). En même temps, aucun des accusés n'a plaidé coupable.
Les accusés ont obtenu des peines plus sévères que celles demandées par le procureur, et pourtant aucun accusé n’a avoué sa faute.
Durant le procès, le défenseur d'Abliazov, Salimzhan Musin, n'a pas été admis à plaider, même en ayant déposé les documents nécessaires au bureau du procureur général du Kazakhstan. En réponse à leur jugement, les accusés ont fait une déclaration publique, lue par Moukhtar Abliazov, Zhaksylyk Zharimbetov et Roman Solodchenko. Les banquiers ont affirmé que l'accusation d'avoir formé un groupe de criminalité organisée a été fabriquée par le gouvernement du Kazakhstan.
Abliazov a déclaré que la somme de 10 milliards de dollars, qu'il est accusé d'avoir détourné, est probablement l'équivalent de la somme perdue par la banque durant l'installation de l'équipe dirigeante de l'état. La nationalisation de la banque a eu pour effet que les investisseurs ont demandé en masse le paiement de prêts avant-terme, et durant les deux premières semaines, la banque a perdu environ 2 milliards de dollars.
Les médias d'opposition au Kazakhstan ont commenté le procès des directeurs de la BTA en direct, en accusant le gouvernement de spéculer sur les informations, entre autres au sujet de la fortune d'Abliazov. En réalité, les appartements en cause représentaient des garanties de crédit, ce qui est une pratique bancaire courante. Abliazov a confirmé que les avoirs appartenant aux sociétés ayant souscrit des emprunts à la BTA sont des garanties pour leurs emprunts bancaires, et non sa propriété privée.
La presse d'opposition a indiqué que les accusations ont un caractère politique, et que le système judiciaire au Kazakhstan est subordonné à la police, au Comité de sécurité nationale et au ministère public. On a également critiqué la position du procureur général, qui a maintenu qu'après la nationalisation, la BTA a fonctionné avec un succès comparable à celui sous la direction précédente. Après la prise de pouvoir au conseil par Samruk-Kazyna, la BTA a été plongée dans une crise.
Les milieux de l’opposition disent que raison de la poursuite d’Ablyazov est, entre autres, ce qu’il s’est publiquement opposé à la nationalisation de la BTA et qu’il a critiqué les actions du gouvernement.
Les milieux d'opposition interprètent la décision de poursuivre Abliazov entre autres pour ses prises de position contre la nationalisation de la BTA et sa critique à l'encontre du gouvernement. Les accusations de fraude ont été fabriquées après l'éruption d'un conflit personnel entre Abliazov et le président du Kazakhstan, Noursoultan Nazarbayev. Les contrôles précédents par l'Agence de supervision financière (AFN), effectuées en 2008 avant la nationalisation, n'avaient pas décelé d'abus flagrants. Le ministère public kazakh maintient malgré tout que le cas n'a pas de sous-texte politique, puisque depuis mars 2005, aucun des accusés n'a eu des activités politiques ou sociales.
Face aux répressions qui lui faisaient face, Moukhtar Abliazov est parti pour la Grande-Bretagne, où il a obtenu l'asile politique en juillet 2011. La nouvelle direction de la BTA nationalisée a en 2009 décidé de poursuivre Abliazov pour fraude financière devant les cours anglaises.