Respublika: Aleksandre Pavlov: «Merci pour le monde regagné!»
Aleksandre Pavlov est libre ! Cette nouvelle a encouragé tous ceux qui se sont battus pour l’ancien chef du service de sécurité de l’activiste de l’opposition kazakhe, Moukhtar Ablyazov. Hier, dans son interview téléphonique accordée à Respublika, Pavlov a expliqué comment il a réussi à sortir de la prison espagnole.
Sa véritable libération a eu lieu tard dans la nuit du jeudi 31 juillet. Auparavant, le tribunal espagnol a reconnu illégale le refus du Ministère de l’Intérieur de lui accorder le droit d’asile politique en Espagne et a ordonné aux autorités concernées d’examiner de nouveau sa demande.
- Aleksandre, nous vous félicitons pour votre libération, que vous attendiez depuis si longtemps. Et notre première question est : qu’est-ce qui l’a rendue possible ?
- J’ai été libéré jeudi dernier, dans la soirée. Ilsm’ont libérésous caution de 30 000 euros. Cela a été rendu possible grâce à la décision de la cour d’appel qui a reconnu que le gouvernement espagnol, de façon illégale, avait refusé de m’accorder le droit d’asile politique. Par-dessus tout, deux des cinq juges qui devaient statuer sur mon dossier se sont prononcés pour ma défense, exprimant une opinion contestataire : ils sont convaincus que je mérite une décision transparente et immédiate concernant l’accord de mon asile politique en Espagne.
Bien entendu, la partie kazakhe a déjà fait appel contre cette décision, en demandant de me renvoyer en prison, de me placer en garde-à-vue ou au moins d’augmenter ma caution. On ne sait pas encore quand ce recours sera examiné.
On ne sait pas non plus combien de temps je dois attendre la décision concernant l’accord du droit d’asile politique. Conformément à la loi, cette procédure dure trois mois, mais l’expérience prouve que cela peut prendre beaucoup de temps. De ce fait, maintenant il ne me reste qu’à attendre la décision concernant le recours de la partie kazakhe et la décision qui m’accordera ou pas le droit d’asile.
- Nous savons quedes jeux étrangesont été joués autour de vous en prison. Par exemple, des représentants de l’ambassade kazakhe vous ont apparemment rendu visite et vous ont menacé. Est-ce vrai ?
- Cela s’est passé au début de 2013. Ils ont essayé de me convaincre de retourner au Kazakhstan, de déposer un « honnête » témoignage et ils ont fait des allusions sur les conséquences qui s’ensuivraient, si je refusais de le faire.
- Et que pouvez-vous dire sur la période où vous avez failli être expulsé par avion vers le Kazakhstan ?
- C’est mon avocat qui m’en a fait part quand l’orage était déjà passé, car les informations atteignent toujours les prisons avec du retard. A vrai dire, j’étais très surpris. Non pas par les actions de la partie kazakhe – elle a transgressé la loi, comme d’habitude. Ce qui était choquant pour moi, c’est que le système exécutif de l’un des pays européens, où de telles méthodes ne sont pas chose commune, s’est presque soumis au Kazakhstan.
- Vous avez passé une année et demie en prison …
- Un peu plus.
- Pour vous, qu’est-ce que c’est le sentiment d’être libre ?
- Je suis incroyablement heureux. En fait, lorsque j’étais en prison, je ne voyais rien. Et maintenant, toutes les couleurs du monde parviennent de nouveau jusqu’à moi, beaucoup plus brillantes que précédemment. A présent, j’ai le sentiment que tout est différent – les odeurs, les couleurs, le monde autour du moi, les gens – j’éprouve et perçois tout différemment, plus profondément.
- Qu’est-ce que vous envisager de faire prochainement ?
- Il me semble que c’était Nikulin [un clown et comédien soviétique célèbre] qui a affirmé qu’on ne devrait pas prendre sa revanche sur ses ennemis : tout ce dont l’homme a besoin, c’est d’être heureux, et ses ennemis mourront eux-mêmes de jalousie. Je crois que je suivrai ce principe. Mais bien sûr, je parlerai ici de ce qui se passe au Kazakhstan, des événements qui me sont arrivés suite aux actions illégales de la partie kazakhe, je ferai de mon mieux pour aider et soutenir toutes les personnes qui ont besoin de mon aide.
Bon, pour l’instant je ne peux pas vraiment quitter Madrid – je suis tenu de me présenter devant la cour tous les lundis et je ne dispose pas d’un seul document d’indentification, de ce fait je ne peux ni louer un logement ni ouvrir un compte bancaire. De fait, il y a de multiples entraves à ma vie quotidienne actuellement. Néanmoins, je suis convaincu que tous ces problèmes vont se résoudre bientôt. Ce qui se compte le plus, c’est le fait que je sois libre.
- Merci d’avoir trouvé du temps pour vous entretenir avec nous et bonne chance.
- Je vous remercie aussi. Je vous remercie tous pour votre soutien, votre aide, en particulier les médias qui ont surveillé ma situation et quin’ont pas permis que l’abus m’atteigne. Sans vous tous, je serais depuis longtemps au Kazakhstan.
par Evgenia MAZHITOVA
Source: Respublika-kaz.info
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