L’Espagne reporte de nouveau la décision sur l’extradition d’Alexandre Pavlov
Très probablement le 8 novembre, la deuxième section de la chambre pénale de la Cour suprême à Madrid (Audiencia Nacional) va statuer sur l’extradition d’Alexandre Pavlov vers le Kazakhstan. Selon, entre autres, l’Amnesty International et l’Open Dialog Foundation au Kazakhstan, Alexandre Pavlov, l’ancien responsable de la sécurité de Moukhtar Abliazov, figure de l’opposition kazakhe, sera exposé au risque de tortures et à un procès purement démonstratif.
Les organisations des droits de l’homme mettent en avant la nature politique de l’affaire Pavlov. Ces organisations soulignent que Pavlov est la victime d’une campagne à grand échelle menée contre les réfugiés politiques kazakhs qui résident en Europe. Cela est dû au fait que Pavlov est l’un des plus proches collaborateurs de Moukhtar Abliazov, antagoniste majeur de la dictature de Noursoultan Nazarbaïev. Dans les premières années de ce millénaire, Pavlov était aussi activement engagé au profit de la sécurité des agences de presse indépendantes. Cette affaire a récemment retenu l’attention de l’Assemblée Parlementaire de l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE). Dès le début, la détention de Pavlov préalable à sa possible extradition, s’est accompagnée d’une série d’événements controversés. Juste après son arrestation son téléphone portable a été volé du dépôt. Selon le Centre National du Renseignement en Espagne (CNI), Pavlov était considéré comme une menace pour la sécurité interne de l’Espagne. En conséquence, cela s’est terminé par le refus de lui octroyer l’asile politique et par sa détention dans une prison de haute sécurité, dans laquelle il est presque totalement isolé du monde extérieur. Les procédures extraordinaires qui ont résulté de cette décision, ont empêché le Haut Commissariat de l’Agence des Nations Unies pour les réfugiés (UNHCR) de préparer un rapport.
La crédibilité du rapport révélé par le CNI (Centre du Renseignement Espagnol) a soulevé de sérieux doutes dès qu’il fut rendu public. Les analystes de l’Agence nationale du renseignement soutiennent que leur analyse se base sur les informations obtenues des média nationaux. Ils expliquent qu’ils n’ont pas la possibilité de vérifier, de façon objective, les allégations du Kazakhstan et affirment que les sources dont ils disposent peuvent être d’une fiabilité limitée. Cela n’a cependant pas empêché l’agence de considérer Pavlov comme un dangereux terroriste.
Les demandes pour le droit de visites de Pavlov, présentées par de nombreuses personnes et institutions, ont été refusées. Ses demandes ont été déposées par des organisations non-gouvernementales impliquées dans la défense de Pavlov, ainsi que par les membres du Parlement (MPs) d’Espagne (Fernando Maura Barandiarán), de Pologne (Marcin Święcicki et Tomasz Makowski), et par un MP du Portugal; de la Chaire du Comité de recherche sur la démocratie, les droits humains et les questions humanitaires auprès de l’Assemblée Parlementaire de l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (Isabel Santos). Les seules personnes qui ont pu voir Pavlov sont des diplomates kazakhs (excepté la défense). Ceux-ci, en dépit de la procédure et sans le consentement de Pavlov, ont reçu la permission de le visiter en prison. Il est probable que pendant ces rencontres, les diplomates kazakhs ont essayé de le persuader que son refus de coopération avec les services de sécurité kazakhs pourrait nuire à sa famille qui est restée au Kazakhstan.
Malgré l’assurance sur l’indépendance de la Cour et l’absence de pressions politiques sur cette décision, des contacts intensifs et des visites réciproques effectués par les représentants des gouvernements des deux pays sont bien visibles au second plan du procès, accompagnés de contrats d’affaires lucratives que certaines entreprises espagnoles ont conclus avec le Kazakhstan. Dans les années 2012 et 2013, Talgo, un fabriquant de trains à grande vitesse, a signé avec le Kazakhstan le contrat d’une valeur totale de 1 milliard 482 millions d’euros. En juin de l’année en cours, le Ministère Kazakh de la Défense a annoncé que le Kazakhstan était intéressé par l’acquisition d’avions fabriqués en Espagne, notamment le Casa C295 et l’Airbus A400M. Selon les sources gouvernementales, en septembre durant la visite du Premier Ministre Mariano Rajoy au Kazakhstan, de nouveaux contrats d’une valeur de 600 millions d’euros, ont été conclus. L’Espagne est aussi le premier et le seul pays d’Europe à avoir signé un accord d’extradition avec le Kazakhstan. Ladite convention est entrée en vigueur le 1 août 2013.
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