La déportation d’Alma Shalabayeva
Au cours de la nuit du 28 au 29 mai 2013 l’unité spéciale de la police italienne responsable de la lutte contre le crime organisé - DIGOS (Divisione Investigazioni Generali e Operazioni Speciali) a pénétré dans la maison louée par la sœur de Shalabayeva – Venera Seralieva, dans la banlieue de Rome, à Casal Palocco.
La cible officielle de cette opération spéciale, menée par plus de trente fonctionnaires armés, était uniquement Abliazov. La police est venue pour arrêter Abliazov à la base d’un avis de recherche lancé par Interpol. Comme il était absent, les fonctionnaires DIGOS ont arrêté sa femme, Alma Shalabayeva et leur fille de 6 ans, Alua Abliazova. Alma et Alua ont été arrêtées pour un séjour présumé irrégulier.
Après la confirmation de leur citoyenneté kazakhe par l’ambassade de la République du Kazakhstan en Italie, les autorités italiennes ont décidé de les déporter immédiatement. Au cours de la nuit du 31.05 au 01.06.2013, Alma Shalabayeva et sa fille Alua ont été déportées vers le Kazakhstan. La déportation a eu lieu malgré la confirmation par le Ministère de la justice de la République Centrafricaine et de deux représentations diplomatiques de la République Centrafricaine de la validité du passeport diplomatique de la RCA (No 6FB04081- voir l’annexe) émis au nom d’Alma Ayan.
Jusqu’à maintenant la base juridique de cette déportation n’a pas été révélée. La femme et la fille de Moukhtar Abliazov ont été déportées en vertu d’une décision prise par le juge de paix et d’une décision d'expulsion administrative prise par le préfet de Rome. Les avocats insistent sur le fait que c’était la première fois qu’une telle procédure a été appliquée en Italie. Alma Shalabayeva et Alua Abliazova ne présentaient pas une menace éventuelle pour la sécurité nationale, et en conséquence leur déportation immédiate n'avait aucun fondement juridique.
Alma Shalabayeva était titulaire d’un permis de séjour sur le territoire de l’UE, délivré par la Lettonie et par la Grande-Bretagne. Pendant l’arrestation d’Alma on lui a refusé la possibilité de consulter ses avocats, en la privant du droit de contester la déportation et du droit à réexaminer son affaire. Conformément à la loi, une fois détenue, Shalabayeva avait le droit de déposer une demande d’asile. Les fonctionnaires de police ont violé cette loi, en la privant de la possibilité d’engager une procédure d’asile (la demande d’asile entraîne la protection du demandeur). L’Italie, qui est tenue d’appliquer la Convention contre la torture de l’ONU, était obligée de refuser la déportation de Shalabayeva vers un pays où elle risque d'être torturée.
La procédure de déportation a été réalisée avec une précipitation sans précédent. Alma et Alua ont été emmenées au Kazakhstan par un avion affrété deux jours après leur arrestation. Avion de luxe, un Bombardier BD-100-1a10 Challenger a été affrété par la société autrichienne „Avcon Jet”. L’avion a été loué par la société „Air Dynamicsrl”, et la facture a été adressée à l’ambassade kazakhe en Italie.
Selon Moukhtar Abliazov, sa femme et sa fille ont été kidnappées. En commentant les événements, il a dit : « Je déclare que l’enlèvement de ma famille a été ordonné par Nursultan Nazarbayev. Il est passé de la confrontation politique aux actes de terrorisme ouvert- la prise d’otages.