La télévision catalane au sujet de l’affaire Pavlov
© mukhtarablyazov.org 14.05.2014

La télévision publique catalane TVP3 a diffusé le reportage « Le visage sombre d’Astana » concernant la dispersion de la grève à Janaozen et l’affaire Aleksandre Pavlov, qui à l’heure actuelle se trouve en détention en Espagne.

Dans le reportage le deuxième visage des autorités du Kazakhstan a été démasqué. Pavlov y a été présenté comme un exemple indubitable des représailles politiques.

Le réfugié kazakh est devenu une victime du conflit de pouvoir. Astana tente de le forcer à témoigner contre son ancien employeur et opposant principal de Nazarbaïev, Moukhtar Ablyazov dont Pavlov a été agent de sécurité et chauffeur. Ablyazov a été qualifié au Kazakhstan d’ennemi public numéro un.

Ce documentaire de quelques minutes a rappelé également les événements tragiques du 16 décembre 2011, lorsque le jour de l’Indépendance du Kazakhstan une grève d’ouvriers pétroliers revendiquant l’amélioration des conditions de leur travail, a été brutalement dispersée. Au premier anniversaire de la grève, alors que le président Nazarbaïev dévoilait un monument commémorant cette tragédie, à Janaozen plusieurs personnes ont été tuées. La police a ouvert le feu sur des civils en abattant plusieurs personnes, un groupe de grévistes a été arrêté et torturé par la suite par les services de sécurité. Pourtant, aucune enquête concernant cette affaire n’a été conduite, et plusieurs représentants des forces de l’ordre restent impunis jusqu’à présent.

Par ailleurs, l’opposant politique Pavlov, depuis deux ans se trouve constamment en prison à Madrid. Il est accusé de fraudes financières et de terrorisme et menacé d’extradition. Malgré les craintes d’enfreindre les droits de l’homme et le fait que l’affaire est un cas évident de persécution politique, le tribunal Audiencia Nacional a confirmé l’extradition. Par ailleurs, il convient de noter que certains juges du tribunal Audiencia Nacional ont attiré l’attention sur ces risques. L’avocate chargée de la défense de Pavlov a rencontré de nombreuses irrégularités lors du procès. Ni elle, ni Pavlov n’ont été informés que le Conseil des Ministres avait confirmé l’extradition. Auparavant, trois jours après la visite de Nazarbaïev à Madrid, on a permis à des représentants de l’Ambassade du Kazakhstan de voir Pavlov dans sa prison.

L’Espagne est le seul pays européen qui a signé un traité d’extradition avec le Kazakhstan. Le rapport équivoque préparé par le Service de Renseignement (CNI), dont une partie des conclusions est remise en cause par plusieurs juges, était censé précipiter la remise de Pavlov. Virginia Alvarez d’Amnesty International a remarqué : « L’Espagne est tenue par ses engagements internationaux de ne pas expulser des personnes vers les pays où les tortures sont pratiquées. (…) La Commission des Droits de l’Homme de l’ONU a informé directement les autorités espagnoles que cette personne ne peut être remise. Des rapports qui documentent les infractions sérieuses aux droits de l’homme au Kazakhstan sont accessibles ».

Le reportage présente également la dernière lettre de Pavlov, adressée depuis sa prison à la communauté internationale, dans laquelle il se plaint de manque de transparence et d’objectivité de son procès judiciaire et de pressions politiques de la part de l’Ambassade du Kazakhstan. Cependant, le Conseil Judiciaire National n’a demandé compte aux juges coupables de dépassement de leurs autorités.

Le reportage « Le visage sombre d’Astana » a présenté de grandes lignes de l’affaire Moukhtar Ablyazov, opposant politique de Nazabaïev qui se trouve actuellement en détention en France. Le dissident est menacé d’extradition. Auparavant, un scandale politique s’est déclenché suite à l’expulsion de sa femme Alma Shalabayeva vers le Kazakhstan après que des agents armés ont pénétré de force dans son appartement à Rome. Les autorités italiennes ont reconnu ultérieurement avoir commis une erreur dans cette affaire et elles ont laissé Alma retourner, pourtant la crise politique liée à l’affaire a ébranlé la position du premier ministre et et celle du ministre de l’Intérieur.

La conclusion du reportage est simple: l’affaire Pavlov est le nouvel exemple manifestant que la diplomatie économique s’avère plus importante que les droits de l’homme.