Kozlov : Le pays de la Marseillaise ne peut pas soutenir les dictateurs
© mukhtarablyazov.org 07.04.2015

Le leader du plus grand parti d’opposition au Kazakhstan, Vladimir Kozlov, a adressé une lettre au Président de la France, François Holllande, et au Premier Ministre français, Manuel Valls, concernant l’affaire Moukhtar Abliazov.

Kozlov se présente en tant que prisonnier politique et proche collaborateur d’Abliazov, et il exprime sa préoccupation concernant la décision d’extradition du dissident prise par le tribunal français. Il qualifie ouvertement la Russie et le Kazakhstan de dictatures et il appelle les autorités françaises à prendre en compte le caractère autoritaire de ces régimes.

Kozlov attire l’attention sur le fait que la Russie comme le Kazakhstan sont des systèmes autoritaires post-soviétiques corrompus, et il tente de convaincre qu’en réalité ce sont les autorités kazakhes qui se tiennent derrière la demande d’extradition émise par la Russie. « La Russie a déclenché une lutte fratricide en Ukraine et elle a assassiné Borys Nemtsov. Le Kazakhstan a abattu les ouvriers à Zhanaozen et il a tué Rakhat Aliyev, et maintenant il va tout simplement recevoir des mains de la France, par l’intermédiaire de la Russie, son principal opposant politique – Moukhtar Abliazov » - écrit Kozlov.

Dans son courrier, le leader du parti Alga ! a mis l’accent sur le rôle qu’Abliazov a joué dans la lutte pour la démocratie au Kazakhstan. Il évoque sur ce point les méthodes qu’Ak Orda a utilisées lors de sa lutte contre l’ancien président de la Banque BTA. Grâce au soutien des organisations internationales pour les droits de l’homme, celui des députés du Parlement Européen et des mass-médias, la communauté sociale a pourtant réussi à bloquer l’extradition des alliés d’Abliazov, Muratbek Ketebayev et Alexandre Pavlov. Suite à ces interventions la femme d’Abliazov, Alma Shalabayeva et sa fille Alua, qui avaient été illégalement expulsées au Kazakhstan en mai 2013, ont pu retourner en Italie. 

Dans sa lettre, Kozlov qualifie ouvertement la Russie et le Kazakhstan de dictatures, au sein desquelles les droits de l’homme et le système de justice indépendant ne fonctionnent que sur le papier, dans le meilleur cas. L’exemple flagrant de cette situation est notamment l’arrestation de Kozlov lui-même. Pour les mêmes motifs on persécute également Abliazov. Kozlov n’a aucun doute que l’extradition vers la Russie condamne le dissident à la torture et aux persécutions. En conclusion, il s’appuie sur la tradition de la liberté française : au pays de la « Marseillaise » on ne devrait pas accompagner la mélodie fausse des dictatures corrompues – écrit Kozlov et il appelle à garantir à Abliazov la possibilité de se défendre dans les conditions civilisées d’un système de justice indépendant et honnête.

 

Président de la France, François Hollande
Premier Ministre français, Manuel Valls

Au pays de la Marseillaise les dictateurs ne sont pas soutenus !

Messieurs,

Je m’appelle Vladimir Kozlov, je suis un prisonnier politique kazakh, ami et compagnon de Moukhtar Abliazov. Je me tourne vers vous car la décision du tribunal français qui stipule de livrer  Moukhtar Abliazov à la Russie m’a énormément surpris et angoissé.

La chute naturelle de systèmes politiques post-soviétiques autoritaires et corrompus tels que la Russie et le Kazakhstan, dans l’intérêt duquel la Russie tente de conduire à la livraison d’Abliazov, est une évidence.

La stagnation de ces régimes génère de plus en plus fréquemment des symptômes incontrôlables de la réalité qu’ils essaient d’habitude de dissimuler et qui constitue l’essence de leur nature, notamment une démonstration d’intolérance extrême et d’agression vis-à-vis des opinions politiques différentes. La Russie a déclenché une lutte fratricide en Ukraine et elle a assassiné Borys Nemtsov. Le Kazakhstan a tiré sur les ouvriers à Zhanaozen et il a tué Rakhat Aliyev et maintenant, grâce à l’aide de la Russie, ce pays va recevoir des mains de la France son principal opposant politique – Moukhtar Abliazov.

Depuis 2001, Moukhtar Abliazov se bat pour la liberté et la démocratie au Kazakhstan. C’est exactement pour cette raison qu’il a été emprisonné en 2002. C’est exactement pour ce fait qu’il a été reconnu comme un prisonnier politique et qu’il a obtenu par la suite le droit d’asile politique en Grande Bretagne.

En persécutant Moukhtar Abliazov, les autorités kazakhes ont recours à des méthodes criminelles : il suffit de se rappeler l’enlèvement de sa famille en Italie, la tentative d’extradition de ses alliés Alexandre Pavlov et Muratbek Ketebayev de l’Espagne vers le Kazakhstan. Ce n’est que  grâce à l’intervention des organisations internationales pour les droits de l’homme, des députés européens et des mass-médias, ayant un grand retentissement social, que la famille d’Abliazov a eu la possibilité de retourner en Italie, où elle a obtenu le droit d’asile politique, et qu’Alexandre Pavlov et Muratbek Ketebayev n’ont finalement pas été expulsés au Kazakhstan.

Aujourd’hui la Russie et le Kazakhstan sont des dictatures au sein desquelles les droits de l’homme et le système de justice honnête n’existent que sur le papier. La « jurisprudence » kazakhe m’a emprisonné pour mes convictions, et les pressions contre moi sont toujours exercées même ici, en prison. Moukhtar Abliazov est accusé d’avoir commis les mêmes délits que moi. En le livrant à la Russie, vous le condamnez à de mauvais traitements, à la torture, à l’humiliation, à l’injustice et – ce qui n’est pas exclu – à la mort.

Je vous en prie, arrêtez cela !

Au pays de la Marseillaise, on ne doit pas accompagner d’une fausse mélodie des dictatures corrompues. Moukhtar Abliazov devrait avoir la possibilité de se défendre dans les conditions civilisées d’un système de justice indépendant et honnête.

J’espère que vous prêterez attention à mes paroles.

Vladimir Kozlov
le 27 mars 2015, LA 155\14

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